mercredi 13 novembre 2013

Compte-rendu L'Equipe Maubuisson 2013

Le compte-rendu de Loïc du YCGC,
entraineur de la classe L'Equipe
pour la Ligue Rhône-Alpes


Cette année encore, les meilleurs équipages français de la série se sont donné rendez-vous au stage de la "filière double" organisé par la fédération française de voile sur le lac de Maubuisson, pour préparer le Grand Prix de l'Armistice à suivre.
Gersende et Malo, 3e sur le podium
Quatre jours de stage rassemblant onze équipages venus de La Baule, de la région parisienne, et de Rhône-Alpes. Et les locaux, Jules et Léo, nouveaux venus sur le circuit national.

Trois entraîneurs ont mené la danse, se répartissant sur deux zodiacs. Un encadrement qui nous a permis de travailler par petits groupes en débuts de séances de travail, pour les réunir ensuite sur des phases plus denses.

Le thème du stage était axé sur les départs, phase importante d'une course s'il en est. Nous partions d'ailleurs du constat qu'au plus haut niveau, les français n'étaient pas parmi les meilleurs partants. Les Equipes ont la fâcheuse habitude de se retrouver parfois jusqu'à 10 longueurs de la ligne à 10 secondes du départ! (vidéo à l'appui)
A terre d'ailleurs, des intervenants "guest stars" issu du très haut niveau précisaient cette vision, et répondaient aux questions des coureurs les plus essentielles: qu'est-ce qu'un bon départ, un bon partant, comment on s'y prépare, s'y forme? Quels en sont les enjeux, comment on se remet d'un mauvais départ?
Ces interventions ont mis en évidence l'importance de sortir vainqueur de cette première bataille, d'arriver le premier dans le "bon coup" (ado, risée, ...).

Nos équipages ont donc été sur-motivé tout au long des 4 jours de travail, pourtant intensifs et parfois quelque peu rébarbatifs, puisque nous avons répété des exercices des heures durant, scotchés entre deux bouées. Rassurez-vous, nous leur avons tout de même permis de "lâcher les chevaux" quand le vent était au mieux de sa forme!

Néanmoins, nous apercevant que les erreurs et défauts de préplacement sur la ligne et de relance étaient souvent dus à des manques techniques, il a fallu aménager des exercices spécifiques de conduite à très petite allure, de virements pif-paf dans un mouchoir de poche, de maintien à l'arrêt étrave sur la ligne, de marche arrière contrôlée. 

Ceci fait, l'étape suivante consiste à lancer son bateau au plus vite, le plus efficacement.
Les coureurs découvrent alors qu'il est important de s'être ménagé une place sous le vent, de manière à pouvoir abattre pour accélérer. Le travail de placement en devient d'autant plus important, le choix de la place comportant maintenant pour nos coureurs un paramètre supplémentaire, qu'ils prenaient peu en compte jusqu'à présent. Etude des mouvements de la flotte, anticipation des trajectoires, choix de la zone de pré-départ, le tout sans perdre de vue le côté avantagé. Pour enfin, avec une bonne communication barreur équipier et des manœuvres précises, lancer son bateau pour sortir le premier l'étrave du paquet et être maître de ses bords, pour pouvoir réaliser son projet de navigation sur le premier près. Bref, il y avait de quoi faire!

Une fois les problèmes de conduite résolus (plus ou moins!), ça commence à se batailler dur à quelques centimètres de la ligne. On sent qu'ils ne veulent pas se laisser faire, et se démènent pour garder la place qu'ils se sont choisi. Départ après départ, notamment sur les manches d'entraînement du soir, on voit les progrès accomplis: les bateaux s'alignent juste devant la ligne, quand nous avions auparavant l'habitude de les voir tourner en rond deux longueurs plus bas en attendant "le trou".

Une attitude combative qui n'enlève en rien le plaisir de se retrouver à terre après les manches! Notre groupe de jeune coureurs est même un exemple du genre, je crois que tous ensemble nous avons réussi à développer un "esprit d'Equipe" qui participe d'une part à une bonne ambiance de travail, mais aussi et surtout à l'épanouissement de nos jeunes dans leur activité favorite.

Ces quatre jours de stage ont en tous cas porté leurs fruits durant les 4 jours de régate à suivre: grande première (pour moi en tout cas), nous avons même eu droit à un rappel général suivi d'un black-flag!!! :)
Nos coureurs apprennent vite, c'est un fait. Mais il y aura encore beaucoup à faire sur les départs: travailler sur des lignes plus longues, et donc sur les repères et la perception de la ligne. Mieux envisager la stratégie sur la première remontée, pour pondérer l'avantage de la ligne par rapport à la possibilité de réaliser son projet. Identifier et se dégager d'une position sans issue, profiter d'une position favorable pour contrôler la flotte, réviser son projet en fonction  du placement des adversaires...

Au classement après 4 jours de course, peu de surprise, si ce n'est de voir si peu d'écart entre les bateaux sur un parcours si long! Le niveau général monte, tous vont vite, et c'est souvent les erreurs des uns qui font gagner les autres. Les podiums vont devoir se mériter!
Paul et Owen, tout en puissance, font parler l'expérience d'un équipage qui dure et d'un bateau préparé au mieux en remportant la première place. Gaëlle et Maxime courent juste derrière, profitant d'une météo plus ventée le dernier jour pour grignoter la deuxième place du podium. Vent qui pénalise par contre Gersende et Malo, les poids plume. Ils perdent la seconde place au général sur un dessalage sous spi, il va leur falloir travailler dans le vent fort!

Juste derrière, c'est serré entre trois équipages: Jules et Léo, qui jouent à domicile sur un bateau neuf, montrent leur maîtrise de l'engin malgré quelques manques en terme de réglages, corrigés heureusement lors du stage. Paul et Amaël victimes d'une avarie sur la dernière (mais aussi d'avoir fait de mauvais choix le 3ème jour!) se retrouvent 5ème, une bonne place vu le niveau des premiers, bien qu'ils aient mérité mieux! Tais et Emma écopent de deux DSQ, ce qui les place 6ème au général.

Roxanne et Ambre sont parmi les bonne partantes, mais... Mais après, qu'est-ce qu'on fait? Dans le vent oscillant de Maubuisson, faire les bords du cadre c'est prendre des risques. Et à naviguer loin de la flotte, on manque de repères (surtout sur un lac uniformément bordé de sapin). Une majorité de places 7, leur score final: mais à la prochaine elles joueront devant, sur un plus petit parcours!
Derrière, les 3 équipages Baulois, plus jeunes dans la série, se battent courageusement. Ils manquent encore d’expérience, mais sont prometteurs! Gageons qu'après quelques entraînements avec Vincent, ils viendront titiller nos premiers équipages, à Dreux!
Bon derniers, un équipage recomposé qui n'a pas pu finir la course, faute d'équipier. Romain, pour sa première participation à un stage de ce type, et avec une dizaine d'heure seulement d'équipe avant le stage, s'en sort plutôt bien en ne perdant aucune manche, et en signant même une jolie 8ème place. Un coureur à suivre, s'il progresse autant qu'il est motivé il sera vite devant!

Au bilan, après ces neufs jours passés ensemble, voici ce qu'il faudrait retenir:
- De gros progrès techniques sur la phase de départ, une stratégie mieux construite
- De nettes améliorations du matériel (une journée consacrée)
- Un niveau général qui monte, ça se ressère autour des bouées
- Un "esprit d'Equipe" qui fait la force du groupe et favorise la transmission des connaissances
- Une motivation forte pour le travail comme pour la course de la part de tous

Mais (il y a toujours un "mais"!):
- Un manque de pratique de plusieurs équipages dans le vent fort
- Trop d'erreurs techniques et/ou de trajectoires aux passages de marque, parfois des erreurs de débutants
- Un manque de repères parfois sur les ado-refus qui leur fait faire de mauvais bords
- Des difficultés à se situer en milieu d'une longue ligne de départ
- Des voiles vieillissantes sur une bonne moitié de la flotte

Et donc, à prévoir:
- Prises de repères cadre - axe parcours - longue ligne
- Évaluation des empilements et alignements, repères à terre, caps compas pour les ados et refus
- Passages de marques: trajectoires et chronologies
- Une commande commune de voile chez Vector Sails pour diminuer les coûts?

A terre, nous avons su profiter de l'océan pour de magnifiques couchers de soleils et quelques bains d'eau de mer, et nos jeunes m'ont encore surpris en prouvant leur sens des responsabilités et autonomie en gérant absolument toute la partie nourriture de la semaine, des courses jusqu'au ménage! Chapeau bas! (bonnet bas plutôt, maintenant). 
Et, grande première au sein de l'Equipe Rhône-Alpes, des phases de travail scolaire, pour ne pas perdre le fil et s'aérer un peu l'esprit hors du bateau. A noter qu'ils ont pris ces travaux très à cœur et avec sérieux, étant d'office gràce au stage en mode "apprentissage". La voile, et particulièrement l'Equipe, sont bel et bien d'excellentes activités éducatives!

A bientôt, pour de nouvelles aventures!
Et cette fois avec Norman et ses foudres de guerre, qui nous ont bien manqué sur ce rassemblement! Allez Nonooooo! ;)

Loïc Erard

***
Un mot de Marc Laurent, grand ami du YCGC,
et responsable technique de la classe l'Equipe
Bonjour à tous,
J'adhère complètement au bilan de Loïc. J'ai notamment beaucoup apprécié l'investissement de chacun dans la vie du groupe. Loïc est un excellent manager qui sait impulser, responsabiliser et motiver : la meilleure façon de conduire vers l'autonomie.

Je voudrais compléter quelques points concernant le stage.
DEPARTS
Beaucoup de progrès ont été effectivement réalisés, notamment pour vaincre la peur de franchir la ligne. Les coureurs osent maintenant la longer, la tutoyer de près. Ils ne se mettent plus en attente à la droite du Comité mais ont appris à prendre leur place sur la ligne au minimum dans la dernière minute et la défendre. Nous ne devrions donc plus voir de coureurs tentés de trouver un trou de dernier instant au Comité, excepté dans les cas de lignes franchement avantagées tribord.

ROLE DE L'EQUIPIER
Les coureurs ont pu assister au témoignage de 2 équipiers de haut niveau dont l'un deux a été également entraîneur de l'Equipe de France de 470, le deuxième étant issu des filières de formation au haut niveau de la fédération, les pôles.
Il est ressorti, certainement à la surprise de quelques un, un profil d'équipier pleinement investi dans sa place à bord. Ils ont tous les deux bien affirmé qu'ils avaient un rôle important, voire majeur, dans le positionnement sur la ligne et sur la décision du moment de lancement du bateau pour ce qui concerne le départ.
Pour le reste du parcours, la responsabilité sur le renseignement, l'analyse et la prise de décision sont du même ordre. L'équipier, au près, a un rôle prépondérant dans les choix tactiques. Sur les portants, la répartition des rôles s'inverse étant donné la concentration nécessaire à la tenue du spi. 
Le portrait de l'équipier qui a été esquissé par ces deux coureurs est objectif, essentiel et  valorisant pour un rôle qui est souvent déprécié, souvent par ceux qui n'ont pas eu la chance de connaître, à leur début, ce qu'est la culture du Double !

OBJECTIF HAUT NIVEAU
Ces deux sportifs nous ont renseigné également sur leur vie de sportif de haut niveau et sur la manière de gérer parallèlement leur formation.
Dommage que les parents n'aient pas été présents. Ils auraient été rassurés sur la qualité du suivi des coureurs par les cadres sportifs et par les organismes de formation en convention avec nos Pôles, par l'organisation du coureur nécessaire à la réussite de son projet.
Le sport de haut niveau n'est pas un frein aux études, bien au contraire. La plupart sont engagés dans des formations d'ingénieur qu'ils terminent en général brillamment.
Nous avons eu là deux témoignages de grande qualité par leur sincérité, leur honnêteté et par la dimension qu'ont pris ces coureurs qui nous sont apparus étonnamment sereins, responsables, matures, autonomes et déterminés.

A bientôt, avec grand plaisir de vous revoir !
Marc Laurent

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