dimanche 10 octobre 2010

Résumé final du raid "Les 1000km de la Loire"

de D. à G., Jean Bourdariat et son compère Jean-Paul Cuvelier, licenciés canoë/kayak au YCGC, à l'issue de leur raid "Les 1000km de la Loire" à leur arrivée. Voici leur compte-rendu final. Pour plus de détails, consultez leur livre de bord à http://loirecanoe.canalblog.com et voir l'article du Dauphiné Libéré.
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La Loire est un peu loin du lac de Paladru, elle n'en faisait pas moins rêver deux licenciés en canoë-kayak du Yacht Club de Grenoble-Charavines (YCGC). Né il y a 62 ans à Burcin (Isère) à la source de la Bourbre, Jean Bourdariat et son compère Jean-Paul Cuvelier ont décidé d'aller à la source de la Loire et de la descendre jusqu'à l'océan, une expédition de près de mille kilomètres, ce qu'ils viennent d'accomplir en 25 étapes.

Habitués des sentiers de l'Oisans, les deux sexagénaires sont partis à pied du Mont Gerbier-de-Jonc (Ardèche) le 7 septembre, ils ont rejoint Retournac (Haute-Loire) 125 km plus loin en 4 jours, où ils ont récupéré leur canoë. Les fortes pluies de la semaine écoulée avaient opportunément fait remonter le niveau d'eau – très bas – de la Loire et ils ont pu naviguer en slalomant entre les rochers et les hauts fonds caillouteux qui ont laissé de profondes traces sur la coque, heureusement très résistante, et provoqués deux chavirages dans les rapides. Ils ont ensuite parcouru les impressionnantes et sauvages gorges de la Loire jusqu'au beau lac de Grangent. Ils ont suivis le plus grand fleuve de France dans la plaine du Forez jusqu'au lac de Villerest, à moitié vidé de son eau, peu avant Roanne (Loire).

A la moitié du périple, à La-Charité-sur-Loire (Nièvre), les navigateurs ont rejoint un fleuve grossi par la Nièvre et l'Allier, un lit devenu caillouteux avec çà et là l'affleurement de dorsales rocheuses qu'ils doivent s'efforcer d'éviter. Jusqu'à Saumur, les nombreux châteaux, témoins d'un passé glorieux, défilent devant leurs yeux sur les rives de la Loire royale. Ils rejoignent ensuite et parcourent jusqu'à Nantes la Loire que les riverains – pêcheurs et mariniers – se sont efforcé de maîtriser depuis des siècles.

Au-delà de l'épreuve physique, ce sont les émotions et les rencontres faites au fil de l'eau qui constituent pour les deux sexagénaires le coeur de l'aventure. « J'ai découvert, grâce à mon fils libraire à Paris, un livre de Bernard Ollivier qui raconte cette descente réalisée seul à 70 ans. Je me suis dit, ça, je peux le faire ! », répond Jean-Paul quand on lui demande pourquoi il s'est lancé dans un tel périple. Au chapitre des souvenirs, au soir de la dernière étape, il est question de magie et de bain de nature, et de cet incroyable silence.

Le fleuve trace un chemin de verdure entre les villages blottis derrière les digues et levées qui les protègent de ses débordements, où les rameurs ont pu voir prospérer toutes sortes de faunes: hérons, martin-pêcheurs, innombrables cormorans, castors, carpes, silures ... Des images inoubliables, comme ce chevreuil et son petit traversant devant eux à la nage un bras de la Loire et rejoignant lestement la rive opposée, ce castor se préparant à défendre son nid d'une éventuelle attaque, cette vache broutant des algues sur un haut fond au milieu du fleuve, les couleurs mauves et pastels de l'aube en Touraine, les fières gabarres (lourds voiliers ligériens) ancrées dans le lit du fleuve à partir d'Orléans, les anciennes usines Creusot-Loire de la Nièvre toujours actives, les lourds bateaux de pêche fluviale de Loire Atlantique. Et, surtout, les rencontres humaines au fil des hébergements – sous la tente, en hôtel, en chambre d'hôtes – qui étaient décidés au jour le jour en fonction de la distance parcourue, de la fatigue et de la beauté des lieux. Les deux navigateurs sont émus lorsqu'ils évoquent l'incroyable gentillesse des gens qui les ont accueillis, venant en voiture les chercher avec tous leurs effets lorsque la rive du fleuve était éloignée, même lorsqu'ils étaient ruisselants d'eau de pluie. C'est une autre France qu'ils ont découverte, discrète mais active, modeste et fière, ouverte à l'autre, disponible et bienveillante.

Lorsqu'on demande aux navigateurs quel est est leur sentiment à l'issue de leur périple, Jean Bourdariat répond: « une certaine tristesse que ce soit déjà terminé. Nous aurions pu ramer 15 jours de plus ». Finalement nos navigateurs auraient aimé que la Loire ait été plus longue de 500 km ...

Faits et chiffres:
• 962 km parcourus, dont 125 km à pied et 827 km en canoë
• 12 départements traversés
• 12 barrages et une soixantaine de rapides franchis
• 25 étapes et une journée de repos. La plus longue étape: 56 km
• 200.000 coups de pagaies par rameur
• Un canoë de 27 kg et 5 m de longueur
• 12 barrages passés par portage
• une soixantaine de rapides et chutes d'eau franchis

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